Les Nations unies ont averti que la guerre entre Israël et le Hamas poussait Gaza vers la famine, avant un vote attendu du Conseil de sécurité vendredi sur une résolution visant à accroître l’aide au territoire palestinien, mais sans appeler à un cessez-le-feu.
Des efforts diplomatiques distincts ont également été déployés pour obtenir une nouvelle pause dans la pire guerre de l’histoire de Gaza, qui a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël en octobre.
Face à la détérioration de la situation dans le territoire, le Conseil de sécurité des Nations unies a entamé des négociations sur une résolution qui permettrait d’accroître les livraisons d’aide.
Le dernier projet vu par l’AFP, qui doit être soumis au vote vendredi, appelle à “des mesures urgentes pour permettre immédiatement un accès humanitaire sûr et sans entrave, ainsi que pour créer les conditions d’une cessation durable des hostilités”.
Il n’appelle pas à un arrêt immédiat des combats.
Soutenu par son allié, les États-Unis, Israël s’est opposé au terme “cessez-le-feu”. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mercredi qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu à Gaza tant que le Hamas ne serait pas “éliminé”.
Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des États-Unis à l’ONU, a déclaré aux journalistes que Washington soutiendrait la résolution si elle était “présentée telle quelle”.
La guerre a commencé le 7 octobre après que des militants du Hamas ont franchi la frontière militarisée de Gaza et tué environ 1 140 personnes en Israël, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres israéliens.
Le Hamas a également enlevé environ 250 personnes.
Promettant de détruire le groupe, Israël a commencé à bombarder sans relâche des cibles à Gaza, parallèlement à une invasion terrestre qui, selon le gouvernement du Hamas, a fait au moins 20 000 morts, pour la plupart des femmes et des enfants.
L’ensemble de la population de Gaza est confrontée à un “risque imminent de famine”, selon un système mondial de surveillance de la faim soutenu par l’ONU, avec plus d’un demi-million de personnes confrontées à des “conditions catastrophiques”.
“Nous avertissons depuis des semaines qu’avec de telles privations et destructions, chaque jour qui passe ne fera qu’apporter plus de faim, de maladie et de désespoir à la population de Gaza”, a posté Martin Griffiths, chef des opérations humanitaires de l’ONU, sur X, anciennement Twitter.
L’ONU estime que 1,9 million de Gazaouis sont désormais déplacés, sur une population de 2,4 millions d’habitants.
Leurs maisons ayant été détruites, ils vivent dans des abris surpeuplés et luttent pour trouver de la nourriture, du carburant, de l’eau et des fournitures médicales. Les maladies se propagent et les communications ont été coupées à plusieurs reprises.
Les personnes déplacées de Gaza demandent un cessez-le-feu.
“Mon message est de mettre fin à cette humiliation”, a déclaré Fuad Ibrahim Wadi, qui a trouvé refuge dans une serre à Rafah.
“Cette guerre ne fait que détruire. Trop c’est trop”.
Après des semaines de pression, Israël a approuvé vendredi la réouverture temporaire du point de passage de Kerem Shalom afin de permettre l’acheminement de l’aide directement à Gaza, plutôt que de passer par le point de passage de Rafah, en provenance d’Égypte.
Jeudi, une frappe israélienne a touché le côté palestinien de Kerem Shalom, selon l’autorité des points de passage et le ministère de la santé du Hamas.
Les responsables israéliens n’ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, était “incapable de recevoir des camions (d’aide)” via Kerem Shalom à la suite de la “frappe de drone” et que le Programme alimentaire mondial avait suspendu ses opérations au point de passage.
Les commentaires de M. Dujarric sont intervenus après que le président israélien Isaac Herzog a déclaré qu’Israël pourrait permettre l’acheminement de “400 camions d’aide par jour” et a reproché à l’ONU de ne pas en apporter davantage.
Selon les Nations unies, le nombre de camions d’aide entrant dans la bande de Gaza est bien inférieur à la moyenne quotidienne d’avant-guerre.
Les diplomates en visite dans la région ont appelé à une augmentation de l’aide dans le territoire.
Israël a accusé à plusieurs reprises le Hamas d’utiliser comme bases militaires des écoles, des mosquées, des hôpitaux et les vastes réseaux de tunnels qui se trouvent en dessous, ce que le groupe nie.
Jeudi, le porte-parole militaire Daniel Hagari a déclaré que les troupes israéliennes avaient tué plus de 2 000 militants palestiniens depuis la fin d’un cessez-le-feu d’une semaine le 1er décembre.
Il n’a pas précisé la source de ces chiffres.
Selon un décompte publié sur le site Internet de l’armée israélienne, 139 soldats ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre à Gaza, le 27 octobre.
Le ministère de la santé du Hamas a déclaré qu’une frappe sur une maison à Rafah avait tué cinq personnes vendredi.
Le bureau des droits de l’homme des Nations unies à Ramallah a déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles les troupes israéliennes avaient “tué sommairement” au moins 11 Palestiniens non armés dans le quartier de Rimal, à Gaza, cette semaine.
Un fonctionnaire israélien, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, a rejeté ces allégations, les qualifiant de “nouvel exemple de l’approche partisane et préjudiciable à l’égard d’Israël” adoptée par l’organe des Nations unies.
Israël fait l’objet de pressions croissantes de la part de ses alliés, notamment des États-Unis, qui lui fournissent des milliards de dollars d’aide militaire, pour qu’il protège les civils.
Le bureau des droits de l’homme des Nations unies a déclaré que “les détails et les circonstances” des meurtres à Rimal sont encore en cours de vérification, mais qu’ils “suscitent l’inquiétude quant à l’éventualité d’un crime de guerre”.
Les hommes ont été tués devant les membres de leur famille.
Des experts juridiques ont déjà déclaré que les deux parties pouvaient être accusées de crimes de guerre.